lundi 12 septembre 2011

Episode 2 : Premier regard...

Le tissu légèrement transparent a impliqué le port de dessous blancs...un soutien gorge en dentelle blanche et un tanga assorti...
Mon choix concernant les accessoires s'est porté sur un ruban rouge au cou avec un petit pendentif en forme d'étoile, des perles noires montées en boucles d'oreilles légèrement pendantes et une pochette, rouge aussi, en guise de sac à main...à l'intérieur, rouge à lèvres, eye liner, un petit calepin et un stylo que j'emmène partout et mon téléphone portable...quelques pièces de monnaie aussi, pour l'offrande, au cas où... Je me dirige ensuite vers la chambre de la future mariée...je lui ai promis de lui accrocher son voile et son collier... elle compte sur moi...
Nous voici donc à papoter pour détendre un peu l'atmosphère...je tiens mon rôle de témoin en la rassurant...oui, les bouquets sont en place...non, nous n'avons pas oublié les alliances...
Au moment où elle s'assied pour que je lui accroche son voile, j'entends une voiture au loin... un oeil en direction de la fenêtre mais rien...je me saisis d'une aiguille et commence mon travail...
Quelques épingles plus tard, je jette à nouveau un oeil vers la terrasse et mon regard est attiré immédiatement vers un homme distingué, vêtu d'un costume sombre et que je ne connais pas...il est en compagnie de Pierre, le futur marié, qui le présente aux convives...Moi qui connais Pierre et Catherine depuis la fac, je pensais connaître tous les invités, puisque les futurs époux ont tenu à ne rassembler autour d'eux que des proches...
Mais qui est donc ce mystérieux invité ? Je me penche un peu, cherchant à en découvrir davantage...c'est à cet instant que Catherine lâche un petit cri...je viens de lui planter une épingle dans le cuir chevelu...je me confonds en excuses puis je me hâte de terminer ma mission...je suis impatiente d'être présentée à l'invité mystère...mais quand j'arrive sur la terrasse, il a disparu...

Ce qui m'a aussi incité à accepter de participer à cette manifestation familiale pour mon ami, c'est le caractère affiché de sa simplicité, à savoir, pas de mariage religieux, pas de défilés de vanités stériles devant une église, etc., etc...pas de discussions sur des parkings, à supporter les brailleries des enfants sur-excités en tous sens... Non le mariage est civil, simplement, et je suis invité à témoigner en ce seul sens...Voilà ce qui m'a poussé à accepter cette "mission", couplée à ce plaisir de participer à un moment important, partie intégrante de cette amitié originale......... Mon Regard, ma vue s'adapte rapidement à la douce pénombre de la pièce et déjà, Pierre me présente à son Père qui m'accueille fraternellement, avec chaleur, de ses mains qui prennent mon bras avec vigueur pour témoigner du sincère plaisir de ma présence....Pierre est déjà reparti.....Son père me guide vers le couloir puis semble se raviser rapidement à peine engagés.....il se retourne brusquement ..."Pierre m'a beaucoup parlé de votre passion pour René Char, suivez-moi, nous avons tout juste deux minutes"...... il enfile une volée de marches en colimaçon, bijoux d'un magnifique escalier de marbre de Carrare ..."Je vous amène dans mon Antre, j'ai fait ajouter cette sorte de Tour pour mon usage personnel et mes passions littéraires et culturelles, je vais vous montrer ce que j'ai retrouvé dans mes dossiers concernant des archives sur les Surréalistes"..... "Voilà, vous voyez, ici, tout est prévu pour une vie indépendante, ici est mon domaine personnel et réservé, chambre, salle de bains, et là, voilà mon bureau, c'est là que nous reviendrons ce soir plus longuement ensemble si nous en avons l'occasion, mais je voulais vous montrer..." Il saisit une grande enveloppe et en sort une liasse d'enveloppes dont il prend un exemplaire pour me le tendre. D'emblée une écriture stylisée me saute aux yeux et mes doigts se glissent à l'intérieur pour en extraire précautionneusement le contenu... un pli manuscrit adressé à "Mon Cher René"... commençant à parcourir du Regard ce courrier, je suis brusquement interrompu... "Nous n'avons pas le temps, venez, nous reviendrons..."

J'arrive sur la terrasse et vais embrasser les invités ... amis de fac, amis d' enfance, quelques membres de la famille proche...une quarantaine de personnes, tout au plus...je n'ai pas pris connaissance de la liste des invités... peut-être certains nous attendent-ils déjà devant l'Hôtel de ville...mais dans le jardin 8 tables rondes sont prêtes...8 par table, je crois...un rapide calcul...oui, certains doivent être déjà là-bas, au village... Je demande à l'assemblée de bien vouloir regagner leurs voitures et de se mettre en route...la mariée veut paraître pour la première fois au bras de son père sur le perron de la mairie...
Je vais chercher Catherine «la voie est libre...tu es divine»...c'est vrai, elle est rayonnante...de jolies mèches bouclées courent le long de son visage, ses yeux bleus pétillent...je peux comprendre son émotion, moi-même, je cours partout depuis ce matin et le pression monte...
Mais où est le père de Catherine? Je ne l'ai pas encore vu...l'heure tourne...nous descendons dans le hall...le mère de Catherine sera présente en pensées...elle nous a quitté il y a longtemps déjà...
Zut, j'ai oublié mon sac...je repars vers ma chambre en me hâtant et vois enfin le papa de Catherine descendre de son donjon, lieu qu'il affectionne particulièrement... «Ah, vous voilà! Vite...» Je m'approche de lui pour lui faire la bise et qu'elle n'est pas ma surprise en voyant l'inconnu au costume sombre à sa suite...je le salue d'un timide "bonjour"...je ne sais comment le saluer...il me sourit et me tire de l'embarras en me tendant la main...j'approche la mienne, il me la saisit de ses longs doigts délicats et vient y poser ses lèvres...à cet instant, la couleur de mon visage doit se confondre avec celle de mon ruban...
«Delphine, je vous présente Henri...un ami très cher de Pierre»...je balbutie un «Enchantée Henri» …
Son regard s'est plongé dans le mien d'une façon...déconcertante..."Dépêchez-vous, Catherine vous attend"...je file chercher mon sac et les rejoins sur la terrasse...
Le père de Catherine prend place au volant d'une ancienne voiture prêtée par un ami...j'aide Catherine à s'asseoir à ses côtés... Je referme la portière délicatement...Henri s'approche, me tend le bras.."je vous emmène ?"..."euh...oui, si vous voulez..." Nous nous dirigeons vers son véhicule, stationné un peu plus loin...


Nous quittons la pièce quelque peu précipitamment ...juste le temps d'entr'apercevoir une chambre sous pente et une charpente apparente ainsi qu'une vaste salle de bains, dans ce donjon aménagé.....Arrivés au bas de cet étroit escalier, les rumeurs d'excitation ambiante nous parviennent, tranchant avec l'isolement de notre moment poétique.... Effectivement, une voix féminine nous accueille alors que je suis encore dans l'escalier...voix qui prend soudainement apparence dans une blancheur contrastant avec le clair obscur du couloir... et c'est immédiatement le Regard que je croise et qui, de par l'effet de surprise, révèle d'un coup d'un seul tout le charme de la silhouette apprêtée et préparée.....discrètement et si élégamment.....des pieds à la tête...attiré immédiatement par les bras nus et le cou souligné à la fois par la robe et sa découpe aux épaules et par une encolure plongeante cachée partiellement par un lacet invitant encore plus loin le regard..... C'est devant ce moment élégant, charmant, prolongeant quelque peu le moment poétique précédent que je réponds à la salutation de "Delphine" et que d'une manière totalement inédite me vient cette idée de prendre ses doigts pour les lui baiser, presque d'un souffle et comme pour briser inconsciemment une gêne qui aurait pu s'installer... ce geste inédit, qui semble fonctionner, puisque au-delà du léger malaise momentané, la "Réalité" prend immédiatement le dessus....:Il faut y aller...... Nous voilà pris par le départ, je suis assez benoîtement le père et Delphine, ne sachant même pas ce qu'il convient de faire à présent, nous suit.... la voiture de la mariée semblant sur le point de partir et d'entraîner de fait à sa suite le reste de l'équipage constitué du cercle réduit des invités.... Voyant cette bien délicieuse et Belle Femme un peu perdue, je ne puis que proposer de rendre service en proposant mon véhicule pour prendre la suite.....à moins qu'elle ne dispose d'autres moyens, auquel cas je serai rapidement fixé.......je lui suggère de venir en ma compagnie....proposition suivie effectivement d'une souriante acceptation......."Mon véhicule est plus bas"....lieu vers lequel nous nous dirigeons dans une atmosphère météorologique des plus agréables pour envisager une telle journée.....Voilà la voiture , vers laquelle je me hâte pour aller ouvrir la portière côté passager et proposer à Madame de prendre place.....non sans profiter discrètement de ces si gracieux mouvement féminins, des pieds, du bassin, du torse, du buste et de la tête pour prendre place dans l'habitacle, ce mouvement accompagné des parfums autant de toilette que corporels, dans une proximité fort bienvenue pour deviner justement une féminité soignée et de contenus vanillés et poivrés à la fois, permettant même de distinguer rapidement leurs origines physiques, nuque, aisselles, épaules, bras, taille, poitrine..... tels que rarement on les perçoit.....je maintiens quelque instant ma position privilégiée pour me laisser pénétrer de chaque volute me parvenant, donnant ainsi l'occasion à ma passagère de bien s'installer et de prendre place... quelques précieuses secondes savoureuses en fait et me voilà déjà à m'installer au volant...Je démarre immédiatement, les premières voitures ayant déjà quitté la propriété.....convoi que nous intégrons, pour emprunter le trajet nuptial dans sa phase administrative, la mairie...."Compte tenu de votre proximité avec la mariée, future épouse de Pierre, je vous suppose être témoin de Catherine,", -un blanc approbateur-"je suis le témoin de Pierre, il est étonnant que certaines situations permettent de telles coïncidences, vous avoir croisée au moment même où l'union prend forme, le départ du foyer des futurs époux, est comme un signe, non...?"J'ai toutes les chances d'avoir créé un malaise...Nous voilà déjà presque arrivés, j'ai quand même le plaisir de pouvoir adresser un regard souriant à ma passagère comme un clin d'oeil, mon regard effleurant le relief courbé de ses deux jambes, dessiné par le tissu de la robe.....
Avec galanterie et élégance, Henri (puisque l'inconnu au costume gris a désormais un prénom) m'ouvre la portière et je prends place dans le véhicule...je remonte un peu le pan droit de ma robe qui descend jusqu'à mes chevilles pour ne pas qu'il se coince dans la portière et découvre inévitablement mes jambes...je ne croise pas le regard d'Henri mais je suppose que ses yeux ont du se poser sur cette peau qui s'est offerte au regard...
Nous démarrons et j'apprends qu'Henri est le témoin de Pierre...étonnant, ce Pierre...personne ne semble connaître cet ami, pourtant si proche...
Moi qui suis d'habitude plutôt loquace, je ne parle pas pendant le court trajet...Henri non plus d'ailleurs...

Mais le peu de mots entendus de sa bouche me donne l'impression d'un homme sûr de lui et qui doit savoir jouer avec le destin...

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